Transer en couple
On comprend bien pourquoi apprendre à transer pour soi mais… où se situe l’intérêt d’expérimenter cet état à deux, dans le cadre d’une relation amoureuse ? Je l’ai déjà écrit, il est tout à fait possible de « transer une relation », seul.e, pour mieux la comprendre, délimiter nos attentes, saisir celles de l’autre. Je suis certaine que les bénéfices de cette pratique soutiennent les transeurs au quotidien. Mais une des choses les plus magnifiques de la transe, c’est qu’elle est exponentielle au contact d’autres personnes dans cet état ; la transe appelle la transe, s’approfondit plus il y a de personnes qui l’expérimentent côte-à-côte et… permet de constituer un savoir partagé.
Au fur et à mesure des ateliers où j’ai amené des femmes et des hommes vers cet état expansé de conscience, j’ai été ébahie de sentir une forme d’intelligence collective se créer où les émotions, chants et gestes s’équilibrent. Une fois, j’ai perçu qu’une personne qui venait d’éclater en sanglot prenait en charge une partie de la souffrance de celle qui était allongée à côté d’elle - à chaque fois, je me sens traversée par les émotions qui jaillissent des apprentis transeurs et les vis afin de participer à leur libération.
Partager cet état de grande conscience avec la personne que vous aimez offre un espace de communion intense : en plus d’aider à l’approfondissement de la transe de chacun, vous permettez à vos êtres de s’accorder tels des instruments de musique avant un concert. Le philosophe Spinoza parlait de la troisième entité que deux personnes créent lorsqu’ils se fréquentent : la relation. C’est comme si celle-ci se clarifiait pour ensuite infuser les émotions et idées de chacun des deux personnes qui la forment. Quand vous transez en couple, cela vous permet non seulement d’adopter d’autres points de vue sur les blocages que vous rencontrez et de rééquilibrer les rôles de chacun, mais également de vous comprendre. Je me rappelle de cette transe magnifique où j’ai été poussée à enfiler les chaussures de mon compagnon d’alors afin de marcher dans ses pas et, ainsi, de saisir dans ma chair ses pensées et ses blessures.
Enfin, si l’état de transe se déclenche durant l’acte amoureux, il est alors possible d’être traversé.e.s par des archétypes animaux, végétaux ou culturels pour une danse par-delà la séparation entre les règnes…